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contacter l'auteur envoyer à un ami pourquoi ce blog ? les tribulations d’une aspie ou l’autisme vu de l’intérieur. on peut être autiste, être adulte, avoir mené des études supérieures, être une femme, une épouse, une maman. cependant, compenser les difficultés liées à un trouble neuro-développemental n’est pas chose aisée… la vie quotidienne d’une aspie-woman est un parcours du combattant, souvent invisible aux yeux d’autrui. les préjugés liés à la méconnaissance du monde de l’autisme et du syndrome d’asperger ne font que rendre les choses plus compliquées encore. ce blog aura donc essentiellement pour ambition de participer à une meilleure compréhension des personnes avec autisme en exposant, non sans humour, les mésaventures et vicissitudes, mais aussi les petits bonheurs, liés à cette condition. posté par wonderaspiewoman à 13:34 - commentaires [7] - permalien [ # ] 19 février 2015 toutes mes excuses ! suite à un harcèlement à propos de mon dernier article, je suis dans l'obligation de fermer temporairement les commentaires sur mon blog... au plaisir de vous relire bientôt, wonderaspiewoman posté par wonderaspiewoman à 23:56 - commentaires [0] - permalien [ # ] 05 février 2015 "tu aimes la faire hurler !" : chronique d'une mauvaise mère j’ai déjà évoqué, à plusieurs reprises sur ce blog, mon « statut » de maman. j’ai cependant encore peu parlé de ma fille. a., ma chouquette au sucre (oui, je sais, c’est un surnom totalement ridicule…), est née au cours de l’été 2011. le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle était désirée (si, si, je préfère rassurer les éventuels psychanalystes qui liront l’article…). lorsqu’elle est arrivée, après plus de deux ans d’attente, de parcours pma et 9 mois d’une grossesse très compliquée, nous étions fous de joie. les premiers mois d’a. n’ont pas été faciles. des pleurs jusqu’à 8 heures d’affilée, un important reflux gastro-œsophagien, etc. a l’époque déjà, je me demandais si je n’étais pas une « mauvaise mère ». si ma fille hurlait autant, c’est sûrement que je devais mal m’y prendre avec elle… d’ailleurs, c’est ce que tout le monde semblait penser autour de moi. logique, parce qu’en france, tradition psychanalytique oblige, tout est toujours de la faute des mères. elles sont toujours trop distantes, ou trop fusionnelles, pas assez ceci ou trop cela. la mère est quasi systématiquement tenue comme principale responsable de l’état de mal-être de son enfant. du coup, elle culpabilise, et culpabilise de culpabiliser parce qu’elle a peur que son enfant le ressente, ce qui la fait culpabiliser encore plus, etc. face aux hurlements de mon bébé, l’entourage et les professionnels n’ont à l’époque pas recherché la cause dans une éventuelle pathologie ou trouble neuro-développemental. non, ce sont mes qualités de mère qui ont été d’emblée remises en question. florilège de remarques entendues (famille et professionnels confondus) : « pourquoi n’avez-vous pas poursuivi l’allaitement ? c’est pour ça qu’elle n’a pas de lien avec vous ! », « pourquoi vous ne faites pas de peau à peau ? (bah, parce qu’elle me repoussait systématiquement de toutes ses forces quand j’essayais…) », « elle n’est pas assez dans les bras, tu n’es pas assez affectueuse », « elle est trop dans les bras, du coup elle est capricieuse », « il faut la faire manger, elle doit absolument prendre du poids », « pourquoi tu la forces à manger, tu la tortures, là », « bah, pourquoi tu te mets dans cet état ? elle sent ton énervement, là, forcément qu’elle est mal cette pauvre petite, c’est toi qui la stresse… ». et j’en passe… en grandissant, a. est devenue un bébé attachant, espiègle, mais particulièrement atypique et difficile à gérer au quotidien. elle babillait, rigolait, s’amusait, mais montrait un caractère extrêmement rigide, une intolérance totale à la frustration, un comportement hyperactif, beaucoup d’agitation, une hypertonicité musculaire, des problèmes de motricité… elle se mettait souvent en danger, fonçait sans faire attention à son environnement ni aux autres, se déplaçait en permanence de manière maladroite et sur la pointe des pieds. a la crèche, on l’appelait « la tornade ». petit à petit, sont également apparues des hypersensibilités (lumière, chaleur, odeurs). puis des « crises » de pleurs, de hurlements, d’une intensité et d’une durée grandissante, allant parfois jusqu’à des auto-mutilations. je me doutais bien que quelque chose « clochait », mais quoi ? a l’époque, je n’étais moi-même pas encore diagnostiquée asperger et ne connaissait pas grand-chose à l’autisme. et puis, on m’avait toujours dit/fait croire que les autistes étaient déficients intellectuels sévères. or ma fille, dès son plus jeune âge, a fait preuve de compétences assez impressionnantes. a un an, elle s’amusait à démonter et remonter des stylos, excellait dans les jeux de forme/logique, faisait déjà preuve d’une mémoire phénoménale et de capacités de concentration hallucinantes quand quelque chose la passionnait. très tôt, elle a commencé à parler, avec un vocabulaire très développé. janvier 2013, ma fille a 18 mois. je reçois mon diagnostic de syndrome d’asperger. je comprends enfin beaucoup de choses sur moi, mon enfance, mon adolescence, mon parcours, mes « bizarreries », mes pics de compétence… a partir de ce moment, beaucoup de comportements de ma fille commencent à faire écho en moi. je m’interroge. et si je lui avais « transmis » l’autisme ? mes suspicions grandissent à mesure que les particularités d’a. s’affirment. eté 2013, a. fête ses deux ans. les comportements-problèmes s’intensifient. nos devons nous battre pour la faire manger, chaque repas est un combat. a côté de cela, nous subissons des crises de hurlements impressionnantes, que nous ne parvenons pas à expliquer. a. n’a pas vraiment de jeu imaginatif, elle aligne, classe. je tente de tirer la sonnette d’alarme. pour moi, le comportement d’a. n’est pas « normal ». il faut consulter, et vite. je me heurte alors à mon entourage. mon mari minimise la situation sans s’en rendre compte (« c’est normal à son âge, c’est la crise des 2-3 ans, etc »), les autres ne trouvent pas mieux que de tout me coller sur le dos. dans mon entourage, tout le monde y va de son explication sur le comportement de ma fille. chacun se pose en expert de l’éducation, et, plutôt que de m’écouter et m’épauler, préfère me juger et me couvrir de reproches, le plus souvent infondés : « t’as qu’à être plus patiente ! » (j’ai pourtant l’impression de déployer des trésors de patience face à cette situation…), « tu es trop sévère/trop exigeante/trop tout, tu la rends malade » (oui, j’essaie d’imposer des règles, je ne cède pas tout à ma fille sous prétexte qu’elle ne supporte aucune frustration…), « c’est toi qui la fait crier » (oui, j’adore ça, j’en redemande, et en tant que mère, j’aime voir ma fille malheureuse !). je reçois sans arrêt des messages sur le ton du « moi j’dis ça, j’dis rien », des liens vers des articles sur le burn-out maternel, les parents en crise, etc. en gros, pour mon entourage, le problème vient forcément de moi, ma fille n’a rien, et si elle se comporte ainsi, c’est nécessairement que j’ai provoqué ce comportement, parce que je suis une mauvaise mère, je ne sais pas gérer et qu’en plus j’ai le désir, conscient ou inconscient, de lui faire du mal. arrive un moment où je n’ose plus rien dire, rien faire. j’ai l’impression d’être en observation en permanence. comme une employée en période d’essai. comme si du jour au lendemain, on pouvait me virer de mon job de maman pour incompétence. le pire, ce sont mes parents. pendant des mois, je subis leurs reproches perpétuels sans rien dire, je souffre en silence. de leur point de vue, ce sont « des conseils », « leur avis », en réalité, des jugements terriblement blessants. j’ai beau essayer de leur expliquer en quoi le comportement d’a. est « anormal », leur faire comprendre à quel point c’est difficile au quotidien, que oui je ne suis pas parfaite, que oui je ne suis pas touj